Lorsque des murs blancs en béton sont construits dans des zones socio-économiques défavorisées, des graffitis y seront certainement peints. Peu après le début de la construction de la « barrière de séparation israélienne », une partie du territoire palestinien se retrouva emprisonnée à l’intérieur d’un haut mur de huit mètres; le street art commença alors à apparaître, notamment des œuvres réalisées par l’artiste britannique Banksy.
Banksy a déjà peint plus d’une fois dans les territoires palestiniens occupés – il s’est même faufilé par des tunnels jusqu’à Gaza pour peindre un chaton jouant avec une balle, une œuvre parmi d’autres qui nous force à sourire malgré la grave injustice qui sévit en ce moment. L’alternative serait de succomber à un sentiment d’impuissance similaire aux malheurs qui touchent actuellement Paris, Beyrouth, l’Irak et Weston-super-Mare, station balnéaire fade du sud-ouest de l’Angleterre qui accueillit la dernière exposition de Bansky. Une citation inhabituellement sérieuse ressort de ses interventions à Gaza : « Se laver les mains du conflit entre les puissants et les faibles signifie se mettre du côté du puissant, ne pas être neutre ».
En 2007, Bethléem a été choisie pour accueillir l’exposition du Santa’s Ghetto, un projet de Pictures on Walls qui se déroule habituellement dans le centre de Londres. La construction du mur a inspiré un nouveau choix de lieu, où se rendront environ vingt artistes dont Peter Blake, Antony Micallef, Paul Insect, Ron English et Faile. Ils se joignent à Banksy pour réaliser des œuvres destinées à être vendues lors d’une exposition éphémère au Manger Square, ainsi qu’une série de peintures géantes sur le mur qui entoure la ville.
Huit ans plus tard, la plupart des œuvres ont été recouvertes par de nouvelles; quelques travaux de Banksy furent même vendus par des résidents locaux et finirent par être mis aux enchères par les galeries condamnables Keszler et Bankrobber. Alors que les interventions de Banksy et d’autres artistes se sont révélées inefficaces pour l’amélioration de la situation, Israël resserre l’étau autour de la région.
Voici un documentaire sur les œuvres réalisées sur le mur et dans les environs de Bethléem.
Mur et posters illégaux de célèbres illustrations de Banksy à vendre à Bethléem.
“This huge wall is blocking out the sun, but screw it, we’re wearing sunglasses anyway.” (Cet immense mur bloque le soleil, mais on s’en fiche, on porte des lunettes de soleil quand même).
Gamins locaux frustrés et fatigués qui lancent des pierres sur des soldats israéliens lourdement armés assis dans une tour de contrôle. Les soldats palestiniens essayent de maintenir la paix.
Blu (Bologne, Italie).
Stop & Search, Banksy. L’un des deux murs identiques faits à Bethléem. L’autre fut retiré par la Galerie Bankrobber, basée au Royaume-Uni, et vendu aux enchères aux Etats-Unis.
La boutique de souvenirs de Claire Astanas sur le côté opposé du mur du Tombeau de Rachel, où l’on peut trouver des murs de séparation en bois et des reproductions d’œuvres de Banksy.
Falafel avec ‘a Coke and a smile’ chez Banksy.
Sam3 (Espagne).
Fresque peinte au camp de réfugiés Aida,
Fresque locale de Leila Khaled, héros et martyr palestinienne et visage de la résistance. Après avoir été emprisonnée pour le détournement d’un avion de passagers, puis relâchée lors d’un échange de prisonniers, elle est maintenant politiquement engagée avec le Conseil National Palestinien modéré.
“MAKE HUMMUS NOT WALLS”, Banksy, 2007
Magasin et station-service des Kando ainsi qu’une œuvre réalisée par How and Nosm de New York. Les artistes se sont rendus en Palestine pour enseigner l’art aux femmes et filles vivant dans des camps de réfugiés. La famille Kando tire ses bénéfices de la vente des Manuscrits de la Mer Morte conservés au Musée d’Israël.
Fresque réalisée par un groupe anonyme d’artistes coréens.
Tête d’un chameau peinte par Sam3 en 2007. Un restaurant adjacent, autrefois appelé « Bahama’s Seafood Restaurant », puis « Bahama’s Steak Restaurant » et plus récemment « The Wall Steak House », a peint deux grands carrés blancs, l’un étant un menu décoloré et l’autre, un écran de projection de football sur le corps du chameau. Le groupe a également vissé un panneau sous le menton de l’animal, ce qui montre clairement la démarcation existante dans la hiérarchie culturelle de la société palestinienne : football et nourriture avant l’art.
Le Lanceur de Fleur de Banksy rendant le côté d’un lave-auto agréable à l’œil à Shepards’ Field/Beit Sahour.
Œuvre de l’artiste français JR
Œuvre de l’artiste italien Blu.
Œuvre du duo new-yorkais How & Nosm.
La boutique de souvenirs Claire’s Gift Shop.
Œuvre du street artiste parisien Seth.
Les artistes new yorkaise Faile.
L’artiste irlandais Conor Harrington.
Sam3 (à gauche) et EricailCane (au centre).
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Photos prises en septembre 2013.