Interview avec David de la Mano

David de la Mano street artist interview mural fresque ParisDavid de la Mano, rue Jenner, détail.

Texte par Meredith Shanoski

La toute nouvelle œuvre commissionnée de l’artiste espagnol David de la Mano peut être aperçue au cœur du 13e arrondissement de Paris. Cette œuvre, recouvrant la façade d’un immeuble sur la rue Jenner, près du métro Nationale, met en scène des semis-hommes qui composent un gigantesque profil humain. Connu pour ses silhouettes figuratives monochromatiques, l’artiste de rue s’intéresse souvent à des thèmes liés à la nature et l’humanité.

Invader street art Cost New York interview David de la Mano mural fresque Paris Le travail de David de la Mano dans le 13e arrondissement.

Où trouves-tu ton inspiration en tant qu’artiste ?

L’inspiration me vient de la rue, de l’actualité… tout y contribue. Récemment,  je suis inspiré par les cultures anciennes.

As-tu eu une formation en école ? Comment as-tu commencé à faire du street art ?

J’ai eu une formation très traditionnelle : école d’art, BFA et j’ai même commencé un doctorat en art public. J’ai commencé à peindre le jour où j’ai découvert le travail de Blu. C’est l’étincelle qui a mis le feu à une passion qui m’habite encore aujourd’hui.

Peux-tu nous en dire plus concernant ton processus de création en tant qu’artiste ?

Mon travail suit deux étapes. Cela passe d’abord par un travail de préparation chez moi,  je dessine, je fais des essais. Ensuite, je passe aux murs dans la rue. C’est un processus de travail direct, et d’imagination contrôlée. Je veille à garder une certaine fraîcheur dans mon coup de pinceau ou de rouleau, mais je prends une idée déjà conçue et dessinée.

interview David de la Mano mural fresque ParisInvader COST Paris street art David de la Mano mural fresque ParisL’oeuvre de grand format occupe toute la hauteur d’un immeuble parisien.

As-tu déjà utilisé de la couleur dans ton travail ? Pourquoi utilises-tu une palette monochromatique ?

Oui, à mes débuts j’utilisais des traits noirs, avec des personnages blancs. Mais rapidement, j’ai introduit de la couleur dans mon travail. Puis finalement,  j’ai gardé le noir comme seul élément d’expression. Au début, j’utilisais une seule couleur car c’était pratique, ça permettait une exécution rapide, et j’étais très concentré sur l’idée que je souhaitais représenter. Il y a aussi une dimension de philosophie du travail, et de non-représentation du « précieux », loin de l’esthétique à but décoratif de la peinture.

Ton art fait se croiser beaucoup de médiums différents – de la peinture au digital en passant par le tatouage – y’a-t-il un média que tu préfères ?

L’art est quelque chose de complexe, sans frontières, alors j’essaye de ne pas limiter mon travail aux fresques murales… j’essaye toujours d’être ouvert à de nouvelles propositions et d’expérimenter avec des matériaux différents.

Quel est le but de ton art ? Qu’est-ce qui te comble en tant qu’artiste ?

Ce qui m’intéresse c’est l’expression artistique. Je crois qu’il y a toujours des contributions de la part d’autres personnes, donc je traite mon travail avec respect. Il y a aussi une dimension sociale au fait de peindre dans des espaces abandonnés, et je comprends que cela améliore l’environnement, bien que je ne sois pas naïf au point de penser que l’art peut résoudre les problèmes de quelqu’un, mais cela a le mérite de transformer les espaces.

David de la Mano interview mural fresque ParisDes bêtes de scène dansant vers la lumière ? L’artiste laisse au public le soin d’interpréter.

Une grande partie de ton travail consiste à créer des séries de personnes éthérées semblant échapper à quelque chose, ou allant quelque part. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

C’est un dispositif narratif : des gens qui marchent dans la même direction, des gens qui ont un destin commun, un exil collectif, une quête… Ce sont quelques-unes des nombreuses réponses possibles. Je préfère laisser cette question en suspens afin que chacun trouve sa propre explication qui pourrait convaincre tout le monde.

Qu’espères-tu transmettre à travers ton art ? Est-ce qu’il y a un message social ?

Mon travail est en partie poétique, avec de nombreuses lectures possibles… Je m’intéresse à tout ce qui a à voir avec le quotidien mais il serait difficile de décrire mes problèmes spécifiques. Les œuvres murales ont un rapport fort avec le présent, mais aussi avec moi-même, avec les cultures anciennes, avec l’Histoire etc.

Pour voir plus de travail réalisé par David de la Mano, rendez-vous sur sa Page Facebook  ou son site web.